Me voilà de retour à la maison. Derrière moi, deux semaines de sport et d'évasion à Vélo, à travers les Vosges, de camping en camping, avec le point culminant, bien entendu le pique nique protestataire du Col de la Schlucht, une manif anti bruit organisé par l'association SOS Massif des Vosges.
Le matin du 19 Juillet je suis donc montée au Col de la Schlucht, partant du camping du Lac à Xonrupt. L'ascension était plus ou moins un enfer. Non seulement à cause de la raideur de la monté, ça je m'y attendais, mais à cause du trafic du diable qui règne sur cette route. Je connais pas mal d'autoroutes qui sont plus calmes. Je devais pousser mon vélo et ça me doublait à grande vitesse, ça claxonnait et ça m'insultait par les fenêtres ouvertes. "Dégage !" "Non, mais allez ailleurs faire ça !"
Seuls les cyclistes (tous plus rapides que moi) m'encourageaient et me saluaient .
J'admets que c'est quand même assez risible quand des mecs qui font transporter leur cul dans un gros SUV se moquent de toi parce que tu dois pousser ton vélo. Ils se croyaient réellement supérieurs.
Arrivée au col, je repérais vite les organisateurs. On me donna des flyers à distribuer et tout de suite l'atmosphère était chaleureuse et complice. De plus en plus de gens venaient et on déroulait les banderoles et installait les pancartes.
Les motards sont venus aussi, un à même cherché le dialogue et on a discuté avec lui. Les autres se contentaient de nous regarder de loin. Un à fait une provoc à deux balles en faisant hurler son engin et en actionnant son klaxon ridicule
Après les divers discours tenus, la manif s'est divisé en deux camps :ceux qui voulaient juste monter dans les prés pour le pique nique et les radicalisés qui voulaient aller faire chier aux motards.
Faisant partie des derniers, nous sommes donc allés sur la route pour la traverser sur le passage piéton en chaîne continue. Hyper LENTEMENT.
Ce n'est pas interdit de traverser la route et il n'est écrit nulle part qu'il faut faire ça vite. Comme quoi, on a créé un bouchon important en quelques secondes. Ça gueulait, ça pétait les les plombs, mais sans succès. Nous en avancions comme des limaces.
J'ai copieusement distribué des doigts d'honneur à des motards qui ne semblaient pas toujours bien comprendre ce qui leur arrive et pourquoi ils avaient droit à ce salut.
Une des actions passive - agressives les plus musclées à la quelle j'ai jamais participé. Tous les participants ont lâché le poids de leur souffrance et cela a fait tellement du bien d'inverser, pour une fois, les rapports de force.
À la fin je suis redescendue avec mon vélo la route du col vers le camping. De nouveau le même enfer. Des motos par CENTAINES, des bagnoles et entre eux, les cyclistes. Je me suis fait doubler à 30cm, me suit fait klaxonner, insulter, menacer.
Je suis contente d'avoir participé à cette manifestation nécessaire et utile. Lors du pic, nous avions à peu près 500 participants - donc le double de la manif des "motards en colère" qui avait fait trembler paris le jour d'avant.
Donc la même chose que sur le chemin de l'aller. Cette route est un calvaire, indigne d'un parc naturel.
Une fois arrivée en bas, un groupe de gens qui m'avaient vu en route m'accueillit avec des applaudissements. Ce jour montrait vraiment la division de la société.
Partout en France, des associations anti bruit se créent. L'enjeu est de tisser un réseau connecté entre ces foyers de résistance, afin d'avoir plus de poids face au gouvernement qui semble avoir oublié les 2RM dans sa démarche de renouveau écologique.
Terminons l'âge du bruit.
